Mot-clef : motor city

Comment se porte l’économie de guerre ?

Écrit par – 27/07/2010

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Les raisons d’un forum

Écrit par – 07/07/2010

William Copeland est l’un des « employés » du Forum Social des États-Unis – ils sont un peu plus d’une douzaine, au total. Will fait partie des quelques salariés du forum basés sur place, dont le travail est (était) notamment d’animer la mobilisation locale. Il est né à Detroit, de parents venus des plantations de canne du Sud des États-Unis pour trouver des jours meilleurs, en se faisant embaucher dans l’industrie automobile.

Principalement blanche jusqu’à la grande dépression, Detroit s’est largement ouverte aux « peoples of color » et compte désormais 89% d’afro-américains. L’industrie automobile a largement embauché les travailleurs des plantations du Sud pour contrecarrer l’activités des ouvriers (polonais et italiens) très syndiqués, lors de la grande dépression. Le mouvement s’est accentué lorsque l’effort de guerre a débouché sur la conversion de l’industrie auto vers l’armement  (en quelques jours à peine – comme quoi convertir massivement une industrie est possible…), la ville devenant plus attractive encore.

Après guerre, la ville amorce son déclin. Les « blancs » vont alors quitter la ville, lentement d’abord, puis massivement après les émeutes de 1967 : fin juillet, des policiers font une descente dans un bar clandestin, et arrêtent 85 personnes, réunies pour fêter le retour de combattants sur le front du Vietnam (sur fond de mouvement anti-guerre, très répandu dans la communauté afro-américaine de Detroit). Un rassemblement s’organise rapidement devant le commissariat où les 85 sont gardés à vue, qui s’étend rapidement, et tourne au pillage des magasins alentours : expression du ras-le-bol des afro-américains devant la ségrégation raciale (les magasins pillés appartenait principalement à des blancs).

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La condition ouvrière

Écrit par – 03/07/2010

Wendy est une ancienne ouvrière – chez Chrysler (automobile), Delphi et American Axles and Manifacturing – AAM (sous-traitants auto). Enseignante de français, elle est venue faire ses études en France, à Aix-en-Provence, juste après mai 68. Fille de militants (mouvement pour les droits civiques, mouvement anti-guerre – auquel elle a elle-même participé), elle y découvre le socialisme, en fréquentant les (rares) Aixois de la fac de droit qui adhèrent au PSU. De retour chez elle, à Chicago, elle décide, comme d’autres militants, de partir s’établir en usine. Pour elle, ce sera à Detroit. Le début d’une quarantaine d’années de luttes, de grèves, de campagnes et de turbin, dans une ville en plein bouleversements, dont les usines cherchent à tuer tout mouvement syndical offensif.

Les crises successives donnant de la force aux stratégies les plus anti-syndicales des managers et dirigeants (telle usine ferme pour réouvrir sans réembaucher les militants les plus actifs), les syndicats s’accommodent le plus souvent d’un rôle de subalterne qui accompagne les politiques patronales de réduction des salaires et de diminution des droits sociaux. Elle a donc participé à la création de « Labor Notes », pour construire des ponts entre mouvements sociaux et mouvement syndical. Labor notes (qui publie un mensuel) organise tous les 2/3 ans une conférence mondiale des militants syndicaux du monde entier (de Solidaires, par exemple, pour la France).

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Smoke on the water, fire in the sky

Écrit par – 23/06/2010

Il y a foule ce soir en ville, ce qui surprend d’autant plus que dans la journée c’est plutôt mort. Un immense feu d’artifice doit être tiré sur le front de fleuve, qui profitera aux spectateurs des deux rives. En face de Detroit se trouve la ville canadienne de Windsor, une station balnéaire BCBG.

Les habitants convergent de partout vers le centre ville. L’autoroute est totalement paralysée. L’occasion de revivre le grand bonheur d’un embouteillage, de se retrouver enfin bloqué parmi d’autres dans la grande cohorte convergente. Plus…

Apéro Coca-hot-dog hallal

Écrit par – 21/06/2010

Dearborn est une ville collée à Detroit, on pourrait appeler ça une banlieue si on voulait faire une comparaison. Sauf qu’ici les repères habituels sont quelque peu bousculés. Après avoir traversé des faubourgs improbables, dévastés par la guerre économique, Dearborn ressemble à une oasis : les allées sont fleuries et entretenues et les maisons semblent habitées. Semblent, car forcément les jours de fête les gens ne sont pas chez eux.

L’arab international festival se tient chaque année depuis 15 ans à Dearborn qui compte la plus grande communauté arabe d’Amérique du nord. Plus…

Être le dernier homme

Écrit par – 19/06/2010

Être le dernier homme est une impression douce et inquiétante. Douce parce que la paix vous gagne. Le silence prend toute la place. On n’a plus l’habitude du silence, alors on s’inquiète. Car finalement l’absence des autres n’est jamais complètement assurée.
On pourrait s’imaginer dans une quelconque banlieue par un après-midi ensoleillé. Les actifs seraient au travail, les autres feraient la sieste. Sauf qu’il y aurait des rideaux aux fenêtres.

Une Lincoln violette défraichie s’arrête à ma hauteur. Une visière de casquette usée jusqu’à la corde passe la fenêtre côté passager, une bouche édentée m’interpelle : Plus…

Quand « Motor City » devient « Green City »

Écrit par – 17/06/2010

Le rêve américain est devenu un cauchemar. La ville symbole de l’industrie automobile d’avant guerre et de son idéal consumériste forcené est la ville la plus violemment touchée par la crise économique. Maisons en ruines, friches industrielles, immeubles à l’abandon, rues désertes… Le décor est celui de La Route de Cormac McCarthy ou de Mad Max. La capitale des géants de l’automobile américaine est aujourd’hui une ville dévastée. Detroit a compté 2 millions d’habitants en 1950, il en reste aujourd’hui 900.000.

Le temps où Detroit était moteur économique du pays n’est plus qu’un souvenir. Les industries sont mortes, la plupart des usines ont fermé. Le chômage et la criminalité sont les plus élevés du pays. Les experts estiment qu’il y a plus de 100 km2 d’édifices abandonnés dans les limites de la ville, soit quasiment la taille de la ville de San Francisco. Près de 33.000 maisons construites sur des parcelles de 400 à 500 m2 sont à l’abandon ou ont été saisies par la ville pour défaut de paiement. Même les produits alimentaires sont devenus plus rares, aucune des grandes chaînes de supermarchés n’est présente sur la ville.

La ville elle-même est dans l’incapacité financière de racheter ces constructions, ou de payer leur destruction. Aussi un revirement spectaculaire est en train de s’opérer. Une aubaine pour les écologistes et les agriculteurs qui regardent ces terres abandonnées comme une chance. De nombreuses initiatives d’agriculture urbaine se sont montées. Plus de 600 projets d’installation de jardins communautaires sont, à ce jour, répertoriés. Essentiellement sur de petites unités de 8 ha correspondant à un pâté de maison. Environ un quart de la ville passerait ainsi de résidentiel à semi-rural. Même tout près du centre ville, des vergers, des plantations, des élevages remplacent progressivement les habitations abandonnées. Les belles demeures bourgeoises en briques sont rasées pour libérer la terre fertile. Les bâtiments industriels reconvertis pour accueillir des cultures sous serre comme des fraises, des laitues ou des champignons.

L’enthousiasme pour l’agriculture urbaine est remonté jusqu’aux plus hautes sphères de l’État, à l’instar de Michelle Obama cultivant son potager dans l’enceinte de la Maison Blanche, l’administration fédérale s’intéresse de près à ces initiatives. Le département de l’agriculture a offert des bourses au collectif Detroit Agricultural Network pour mener à bien ses projets. De même, l’agriculture urbaine est inscrite dans le plan de relance de l’économie américaine.